Ne pas flancher

Bon­jour,

Voilà, je vous présente enfin …. le papa, Lud­mi­la la maman, Diana leur fille et Kse­nia, la petite princesse qui a eu juste 3 semaines hier, son papa est resté au com­bat, il n’aura pour l’instant con­nu sa fille que ce bref instant, et sous les bom­barde­ments, il Laisse par­tir aus­si son épouse et sa maman. Anya, qui est restée à Trame­lan, a assuré les liens entre nous et m’a bien aidé à les retrou­ver ici, mer­ci à elle.

Le papa a finale­ment pu pass­er la fron­tière, mais il retourne quand-même se bat­tre avec son beau-fils et d’autres hommes de la famille. Il a aus­si tout con­stru­it en Ukraine, veut défendre sa mai­son, sa terre, sa cul­ture, son pays, la lib­erté. Alors voilà, il embrasse son épouse avec qui il a con­stru­it toute sa vie, sa fille et sa petite fille. Il est digne, mais tran­spire le cha­grin, il les sait main­tenant en sécu­rité. Moi, j’ai les tripes a l’air de les voir ain­si, mais je suis aus­si soulagé qu’ils aient pu rejoin­dre la fron­tière sans encom­bre, car juste à quelques mètres, de l’autre côté, c’est de la folie. Nous avons déchargé tout le matériel, ils sont super con­tents ici car c’est mois ali­men­té dans le sud (plus loin aus­si). Voilà, on va repren­dre la route, avec quelques sourires pour cacher notre désar­roi dans cette sit­u­a­tion, politesses ultimes, et refus de céder, envie de vivre.

Je leur souhaite déjà de grandes retrou­vailles, mer­ci pour vos pen­sées et prières pour cette famille, et pour toutes les autres. C’est une his­toire par­mi des mil­liers vécues ici, mais je tenais à ce qu’elle ait des vis­ages, pour nous don­ner une meilleure idée de l’horreur de cette guerre. Je suis désolé, car mon inten­tion n’était pas de vous ren­dre tristes, mais je serre les dents, et je suis plein de larmes. 

Ami­tiés
Fred